mardi 20 janvier 2015

ZOOM sur... Récit d'une expérience de l'humanitaire

Nolwenn en mission à Madagascar

Nolwenn, 28 ans et toutes ses dents, nous parle de son expérience de l'humanitaire. Ça commence par une soirée de Noël au Secours Catholique, des missions de bénévolat, pour devenir ensuite salariée d'une grande ONG.
Aujourd'hui elle fait le point sur ce qui la pousse à toujours se diriger vers cette voie qu'est l'humanitaire, ses rêves, ses envies, ses peurs, et toujours, dans un coin de sa tête, ce besoin de s'engager pour les autres.









Humanitaire : qui s’intéresse au bien de l’Homme, qui cherche à améliorer la condition humaine. (définition du Larousse)

L’humanitaire n’a ni été une vocation, ni une révélation. C'était logique. Être attentif à son voisin et plus largement à l’autre, partager, aider sont des valeurs dans lesquelles j’ai toujours baigné.  Il est évident pour moi, femme occidentale privilégiée, que la solidarité soit inhérente à ma vie. Peut-être que mon caractère idéaliste, optimiste et confiant a également joué. Peut-être est-ce aussi un besoin de s’investir, de faire sa part, comme le colibri. Peut-être que rencontrer des gens bien qui donnent d'eux-même aide à retrouver un peu d’espoir face à un monde peu attirant aujourd’hui. Peut-être est-ce un défi, tester ses limites, se mettre en danger pour se sentir vivant, s’apitoyer sur d’autres que soi.

C’est beau de travailler dans l’humanitaire, de se consacrer aux autres mais c’est aussi pour soi qu’on est là, qu'on fait ça. On en retire quelque chose. On se sent utile. On prend du recul.
Pour ma première expérience « humanitaire » j'ai passé le réveillon de Noël avec les invités du Secours Catholique, des gens seuls et/ou pauvres. C'était un bon moment, j'ai reçu une tasse comme cadeau et beaucoup de chaleur humaine. Je suis rentrée tard, prendre le dessert avec ma famille, ouvrir mes autres cadeaux. En plus de la chance que j'avais, je me suis rappelée le sens premier de Noël, le partage et l'envie de faire plaisir. Ça peut paraître idiot mais c'est vrai.
Après plusieurs voyages au Niger, j'ai participé à la création d'une association pour aider une communauté touarègue à rouvrir son école, à creuser des puits... bref améliorer leurs conditions de vie. C'était une expérience très riche humainement mais qui m’a montré les limites de l'humanitaire à l'occidental. Nous n'avons pas la même culture, les mêmes références, les mêmes façons de gérer les problèmes. Ou la vie en général. Nous étions loin, à réfléchir comme des Français qui veulent aider des Africains. Nous avons tenté « d'aller vers, faire avec et partir de » mais nous étions trop loin géographiquement et culturellement.

Un village au Niger

J'ai été embauchée début 2012 par une grande ONG française, au service communication. Je suis arrivée avec mes idéaux, ma fierté de travailler ici. J'ai été un peu déçue. Sur le terrain c'est bien. Derrière le terrain, il y a quelques problèmes (ressources humaines, reconnaissance du travail, éthique...), mais j’ai appris que toutes les ONG se ressemblaient sur ce point. Un ras-le-bol général m'a fait changer de poste, je me suis retrouvée plus près de l’action concrète. Parfois sur le terrain, à l'international. J'ai alors retrouvé davantage de sens. J'ai su pourquoi j'étais là. J'ai croisé nos bénéficiaires, j'ai rencontré les bénévoles, j'ai vu leur motivation et je me suis réconciliée avec l'humanitaire version grande ONG.

Aujourd'hui je viens de quitter cette ONG, par choix, pour voir autre chose, pour avancer. Je deviens responsable d’une belle petite association qui intervient auprès des enfants malades dans les hôpitaux. Je continue de croire en l'humain, en sa capacité à être solidaire, à s'engager, à donner de son temps. Utopiste un jour, utopiste toujours !

L'humanitaire c'est bien, c'est nécessaire mais pas n'importe comment. Il faut avoir des idéaux mais être conscient de la réalité. Trop de gens veulent « faire de l'humanitaire », partir aider. C'est louable et j'ai toujours encouragé chacun à le faire. Mais ça commence en bas de chez toi, à dire bonjour au SDF que tu croises tous les jours. C'est déjà de l'humanitaire parce que c'est de l'attention à l'autre et ça lui fait du bien. Engage-toi près de chez toi, confronte-toi à la difficulté. Faire de l'humanitaire c'est être conscient de ses limites, de ses capacités à résister à l'intolérable, à l'injustice. Partir à Haïti après un tremblement de terre, à Sumatra après un raz-de-marée ou en RCA pendant la guerre, ce n'est pas donné à tout le monde. Moi je ne pourrais jamais le faire.


Nolwenn


Sites à visiter :
- www.portail-humanitaire.org/
- www.jeuneetbenevole.org/sengager_autrement.php
- www.tousbenevoles.org



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